Très en vogue de nos jours, l’aâbaya est l’habit qui se plie le mieux à toutes nos exigences. Avec ou sans foulard, en mousseline ou encore en satin marocain, elle s’adapte à tous nos événements et sorties. Très prisée dans le noir, l’aâbaya convient aussi bien pour les «voilées» que pour les «civilisées». Quelques témoignages et tour d’horizon avec Lalla sur son utilité.
« Je ne porte pas le hidjab, mais quand j’en le ma «aâbaya», nie l’hésitation qui me scotche souvent devant ma garde-robe pour trouver le vêtement à mettre pour telle ou telle circonstance! Je me déplace très à l’aise avec, que ce soit pour rendre visite à ma famille, aller à une fête ou à un enterrement, ou simplement au marché ou à l’épicerie du coin. Je la laisse d’ailleurs toujours à portée de main. Au début, j’avais acheté un seul modèle, basique et simple, spécialement pour les sorties imprévues. Par la suite, j’ai pensé qu’il était nécessaire d’avoir aussi un modèle que je pourrais en ler pour me rendre à une fête, par exemple. Il me permet de passer inaperçue, mais également à cacher l’or, le karakou ou le décolleté! Pour moi, l’aâbaya est vraiment ma solution magique», témoigne Sonia, secrétaire dans un laboratoire d’analyses médicales à Alger. À des prix allant de 2000 à12 000DA,il y en a pour tous les goûts et pour tous les genres. Simple, perlée, travaillée avec des strass, simple avec découpage large, cintrée, avec ou sans capuchon… tous les modèles sont disponibles sur le marché. À Alger et dans les autres villes du
pays, c’est surtout la mode chez les jeunes lles. Portée également avec jean et tee-shirt, nos jeunes femmes jouent sur les couleurs des perles sur les manches de leur aâbaya pour plus de glamour et d’originalité. Pour plusieurs d’entre elles, s’habiller le matin n’est plus un casse-tête! «Lorsque j’ai ramené les aâbayas pour la première fois, je redoutais que cela ne marcherait pas. C’est vrai qu’au début les ventes étaient limitées pour les femmes qui portent le hidjab, mais la tendance s’est vite généralisée et les commandes commençaient à augmenter. Aujourd’hui, elles sont plusieurs à commander des modèles précis et des tissus particuliers», explique un vendeur au centre commercial de Bachdjerrah, qui con rme aussi que ce vêtement est également très prisé par les femmes enceintes, notamment pendant l’été. Importées principalement de Dubaï, mais aussi des autres pays du golf, c’est surtout la couleur noire qui est la plus convoitée aujourd’hui ! «J’ai beaucoup de demandes pour confectionner cette aâbaya. Pourtant disponible dans les magasins, se sont particulièrement les futures mariées qui
veulent un modèle original pour le porter le lendemain de la fête, au ftour laâroussa, au dessus du traditionnel ensemble blanc», nous raconte Mahdia, couturière à Belcourt. Après le traditionnel usage de l’aâbaya, un vêtement longtemps réservé pour la maison, porté à l’occasion de certaines fêtes ou encore aux cérémonies douloureuses, cette tenue commence peu à peu à faire son entrée à l’université et plus largement à la vie sociale. Une entrée pas trop appréciée par certaines. «C’est surtout une mode orientale qui s’est imposée avec les chaînes arabes. Nous remarquons cette attitude dans la façon de porter de foulard. Nous n’avons rien de chez nous. Nous perdons de plus en plus de notre cachet algérien. Au travail ou en classe, l’aâbaya ne doit pas avoir le droit de cité», précise une enseignante universitaire. Un avis largement partagé par nos vieilles, qui regardent encore avec nostalgie notre culture d’antan. «On remplace le hayek blanc par cette djellaba noire. Nos rues algéroises deviennent de plus en plus noires», raconte une vieille de 67 ans, qui continue encore de porter jalousement son hayek, «comme au bon vieux temps», dit-elle.